ANNIVERSAIRE.
LE 11 MARS 1978 disparaissait Claude François. A l'annonce de sa mort, des centaines de fans se sont précipités au bas de son immeuble parisien, boulevard Exelmans (XVI e ), formant ainsi une douloureuse marée humaine. Du jamais-vu depuis. Trente ans plus tard, le mythe est toujours aussi vivace, même s'il est quelque peu bousculé par une foultitude d'ouvrages narrant dans le détail les turpitudes du chanteur, ses manières avec ses femmes et ses méthodes de travail tyranniques. C'est la loi du genre. Radios et chaînes de télévision s'apprêtent à dérouler un tapis d'hommages plus ou moins respectueux à la mémoire de l'artiste. Mireille Dumas ouvre le bal ce soir à 20 h 50 sur France 3 avec une « Spéciale Claude François », tandis que Charles Villeneuve explorera « la Face cachée d'une idole » demain soir à 22 h 45 sur TF1. Le portrait de la star commence à s'affiner dans un climat de remise à plat, voire de désacralisation.
De fait, cette entreprise a débuté en 2004 avec la sortie du livre « Podium », écrit par Yann Moix, puis du film du même nom. Attirant 4 millions de spectateurs, ce long-métrage a eu le mérite à la fois d'alimenter la machine à adoration du chanteur et de le présenter, à travers un Benoît Poelvoorde survolté en sosie maniaque de l'idole, sous un jour pas vraiment flatteur. Somme toute, Claude François n'était définitivement pas un saint, comme en convient sans détours son fils ainé, Claude J r (lire ci-dessous) .
60 millions de disques vendus
Quant à l'industrie Claude François, elle se porte à merveille, inscrivant au compteur plus de 60 millions de disques vendus depuis ses débuts en 1962, dont quasiment la moitié écoulée depuis sa disparition. Le tout grâce à des chansons telles « Alexandrie, Alexandra » et « Magnolias for Ever » qui n'en finissent pas de rythmer karaokés, mariages et banquets, autant de pétillantes pastilles extraites d'une décennie 1970 pleine de paillettes disco, de clodettes légèrement vétues et de couplets malins ciselés par Etienne Roda-Gil. Un répertoire quasiment intouchable, tant il est indissociable du tempérament et de l'énergie de son interprète. Bref, des vestiges d'une époque où les artistes ne se privaient pas de se mettre en scène tout en cultivant autour d'eux un féroce culte de la personnalité.